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« Devoirs faits » ? Ou copie à revoir ?

En novembre, au retour des vacances, les collégiens pourront bénéficier du dispositif « Devoirs faits », promesse du président de la République pendant sa campagne. Coût de la mesure : 220 millions d’euros. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Depuis très longtemps et malgré les nombreuses volées de bois vert que sa position a suscitées, la FCPE revendique la fin des devoirs à la maison.
Raison n°1 : Ils accentuent les inégalités entre les enfants, ceux qui peuvent se faire aider et les autres.
Raison n°2 : Les parents ne sont pas dans leur rôle quand ils refont la classe après la classe. Qui de mieux placés que les enseignants pour réexpliquer aux enfants une notion mal comprise ?
Raison n°3 : Les devoirs renforcent la pression scolaire, et in fine font fructifier le marché du soutien scolaire privé.
Aujourd’hui, fidèle à sa promesse électorale, le président de la République via le ministère de l’Education nationale, met en place le dispositif « Devoirs faits » pour les collégiens. Concrètement, un temps d’étude accompagnée sera organisé au sein des établissements pour aider les élèves à réaliser leurs devoirs. Normalement, tout sera prêt au retour des vacances d’automne.
Alors, tout le monde attend les parents d’élèves au tournant. Vont-il enfin se réjouir ? Bien sûr, la FCPE pourrait dire : « Génial, les parents n’auront plus à refaire l’école après l’école » ; « Ouf, finis les conflits le soir à la maison » : ou encore « L’école est enfin son propre recours ! ». Mais à regarder de près le vademecum publié fin août, elle ne peut pas être totalement emballée…
Raison n°1. Des inégalités vraiment réduites ? Pas si sûr, car il revient à chaque collège de fixer les modalités de mise en œuvre de « Devoirs faits ». C’est le conseil pédagogique de chaque établissement qui définira les principes d’organisation. Quels élèves seront incités à participer ? Quels seront les intervenants choisis localement (enseignants ? assistants d’éducation ? volontaires en service civique ?) ? Quelles décisions prises en concertation avec les parents d’élèves élus en conseil d’administration ? Autant de paramètres qui dessinent une mesure complètement différente en fonction des territoires. Une fois de plus, tous les élèves ne seront pas logés à la même enseigne !
Raison n°2. Quelle prise en compte du rythme des élèves ? Horaires des transports impossibles à modifier, salles de classe non disponibles… les problèmes techniques sont déjà en train de prendre le dessus sur l’équilibre de la journée des collégiens. Et aucune solution satisfaisante n’est proposée dans les 42 pages du ministère. Ah si, la pause méridienne ! Franchement, ça plaît à quelqu’un de manger un sandwich devant son ordi ?
Raison n°3 et pas des moindres ! Certes, la nécessité de donner du sens aux devoirs, comme celle de s’assurer que les élèves ont compris ce qu’on leur demande, est réaffirmé dans le document de référence. Mais avec le dispositif « Devoirs faits », ne risque-t-on pas de continuer à externaliser le travail personnel des élèves, comme le souligne Laurent Fillion sur le site des Cahiers pédagogiques. Pourquoi vouloir à tout prix reporter les activités de construction des connaissances hors la classe ? Et l’auteur de conclure : « Et si on proposait aussi et surtout des heures de lecture libre ? Ça, on adorerait ! ». Nous aussi !